La féminisation du paysage. Décadentisme et Postmodernité: vers une notion d'archétype

  1. Flores Fernández, María
Dirigida por:
  1. Mercedes Montoro Araque Directora

Universidad de defensa: Universidad de Granada

Fecha de defensa: 30 de septiembre de 2022

Tribunal:
  1. Corin Braga Presidente/a
  2. José Antonio González Alcantud Secretario
  3. Najate Nerci Vocal
  4. Renato Boccali Vocal
  5. Dolores Villalba Sola Vocal

Tipo: Tesis

Resumen

La présente thèse est divisée en trois parties proposant, au moyen d’une méthodologie comparatiste et transdisciplinaire, quatre catégories récurrentes d’images archétypales que nous avons appelées « subarchétypes », et qui sont destinées à être utilisées comme un outil d’analyse mythocritique et mythanalytique : femme-eau, femme-plante, femme-rocher et femme-terre. Pour ce faire, le corpus principal est constitué des écrits personnels et de la production artistique de Gustave Moreau, peintre-poète lié au postromantisme et au symbolisme qui a contribué à une nouvelle représentation du féminin et du paysage dans une Europe en mutation. Situées au cœur d’un « bassin sémantique », d’après la mythodologie durandienne, qui s’étend de la fin du XIXe siècle jusqu’au début du XXIe siècle, les images archétypales présentes dans la production artistique de cet auteur, ainsi que dans un vaste corpus complémentaire, attestent la résurgence — c’est l’une de nos hypothèses de départ — du mythe de Pandore, ainsi que la répétition des quatre subarchétypes définis tout au long de cette thèse. Révélatrice des origines de la relation anthropique avec la nature, la relecture écocritique de ce récit mythologique permet de repérer tout un ensemble de « pérennités », « dérivations » et « usures » (Durand, 1996a) au moyen d’une archétypologie du paysage au croisement du féminin. En même temps, l’étude de Pandore permet de découvrir une configuration « anarchétypique » (Braga, 2003) de la « femme-paysage », un terme que nous avons emprunté à Bachelard (1942), aboutissant à une nouvelle notion d’archétype, sans ignorer les différentes querelles épistémologiques qu’elle a suscitées. L’archétypologie possède pourtant un riche potentiel permettant de mieux comprendre comment le mythe de Pandore a été réactivé sur la base de trois identités qu’il reporte depuis le décadentisme : de la fatale Ève, en passant par Sophia comme une figure médiatrice, jusqu’à Gaïa en tant que porteuse d’espoir. Certes, depuis le décadentisme, la profusion de productions scientifiques et culturelles convoquant la déesse s’efforcent de reconstituer cette figure féminine primordiale de plus en plus présente, en dépit de la menace du retour des valeurs prométhéennes. Abandonnant sa dimension fatale, Pandore cède la place à la médiation entre la nature et un héritage bioculturel et technoscientifique, ainsi qu’à l’espoir qu’elle lègue aux générations futures. Ainsi, cette divinité incarne le concept d’« archétopos » (Lévy, 2014), une dimension géographique de l’archétype qui reconnaît l’existence de formes archétypales dans le paysage. De même, l’étude de ce bassin sémantique s’attache à explorer les géopoétiques et les écotopies de l’holisme postmoderne. Cette thèse est complétée par le projet personnel Imago salis, une application pratique de l’archétypologie dans le paysage du sel. Ce minéral, qui incarne la double symbolique de la bienfaitrice et destructrice Pandore, témoigne de la réactivation de cet « archémythe » féminin (Bertrand, 2014). Notre intérêt pour le paysage salé, lieu où se matérialisent des isotopies, des symboles, des mythes et des onomastiques est né dès notre visite aux marais salants en Espagne et en France, et d’une prospection du paysage que nous développons in situ depuis 2018. Bref, ce projet transdisciplinaire s’intéresse à la transformation féminine du médium géographique comme un acte vindicatif, où le sel, entre autres éléments naturels, a été défini à travers l’histoire comme la représentation du corps des femmes. Mythes, land art et écoféminisme se rejoignent ainsi dans ce travail de thèse afin de mieux explorer le tournant contemporain de l’imaginaire de la nature. Cependant, le dilemme de la critique archétypale et des études de genre réside dans le fait que les catégories ne sont plus distinctement séparées. Le concept même de genre s’est estompé, problématisant la réactivation et la récurrence d’un archétype ontologique matriciel. En revanche, rien ne nous empêche de participer à la réhabilitation de la notion d’archétype, ou d’en évaluer une nouvelle lecture au sein du paysage sous un prisme féminin.